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La revanche des self-made women - Femme actuelle - 22 octobre 2015

22 Octobre 2015 Publié dans #Presse

La revanche des self-made women

Danièle Laufer

Ces filles-là sont étonnantes. Ni héritières ni petits génies, elles ont réussi toutes seules. Et tracent comme des reines. Nouvelles guerrières en mode soft, elles sont aussi les enfants de la net economy, des réseaux sociaux et de leur propre désir.

Elles ont un bon flair pour les tendances

Leur histoire est rassurante pour les mères de mauvaises élèves. Elle prouve que la réussite n’est pas qu’au bout du diplôme. Il suffit d’écouter celles qui sont parties de rien et se sont faites toutes seules, à coup de cours du soir comme Isabelle, 47 ans, un BTS de secrétariat trilingue en poche, qui a repris des études au bout de trois ans de métier parce qu’elle « ne se voyait pas faire ça toute sa vie ». En bossant le jour pour gagner sa vie, en suivant des cours le soir et en travaillant pour ses études la nuit, elle est devenue directrice juridique d’une branche d’activité d’un très grand laboratoire pharmaceutique. Une belle ascension sociale d’autodidacte exemplaire et assez rare dont elle est à juste titre assez fière. Il y a aussi Ellis Jones, 30 ans, première rédactrice en chef de l’empire médiatique masculin Vice dans lequel elle avait débuté comme stagiaire. Rien de neuf sous les tropiques ? « De tous temps, des femmes ont déjoué les déterminants, voire les handicaps sociaux et cuturels et ont réussi, non seulement sur le plan professionnel et social, mais surtout en faisant ce qu’elles ont choisi et ce qu’elles aiment. Et ça, c’est une excitation et une jubilation précieuse », rappelle la psychanalyste Sylviane Giampino (auteur de « Les mères qui travaillent sont-elles coupables ? » (Albin Michel)). Or, on l’ignore souvent, mais en 2000, plus des deux tiers des 19 000 femmes chefs d’entreprise de 10 salariés et plus n’avaient pas de diplôme supérieur au bac (source : Insee ). Elles en sont fières mais ne s’en vantent pas, car dans le monde conformiste des entreprises françaises, c’est paradoxalement pénalisant. Elles ont pourtant, comme le souligne Sylviane Giampino « une puissance de captation des opportunités, un flair sur les tendances » qui leur permettent d’aller plus vite que les autres. Hyper accrochées, voire obsédées par leur projet et leur désir, elles font feu de tout bois.

Elles ont aussi une belle intelligence des nouveaux codes

Les nouvelles technologies servent leur ambition, car elles élargissent les opportunités et les réseaux d’un simple clic. Dans cette nouvelle planète virtuelle, si la compétition reste acharnée, on peut l’imaginer (l’espérer ?) moins sexiste. Beaucoup de jeunes femmes n’auraient jamais réussi sans le web ou les réseaux sociaux. Des exemples ? Morgane Sézalory, 30 ans, créatrice de la marque de prêt-à-porter leader sur le net Sézane. Ou Sofia Amuroso, 31 ans, créatrice de NastyGal.com, un empire de 774 millions d’euros. Autre autodidacte américaine, Sara Blakely, 44 ans, « vaut » plus d’un milliard de dollars grâce à Spanx, la société de lingerie fine et amincissante (elle a commencé par des gaines !) qu’elle a créée en 2000. A un niveau plus modeste mais tout aussi emblématique des possibilités offertes par le virtuel, l’astrologue et coach Rosine Bramly consulte dans le monde entier grâce à la toile et à Skype. Les codes ont changé. Les distances n’existent plus, nous sommes toutes citoyennes du monde. Derrière son ordinateur, on peut prendre des raccourcis et gagner du temps sur toutes les préoccupations de comportement, d’apparence et de conformité au milieu que l’on veut pénétrer. « Ça met à égalité les gens d’appartenance sociale différente et aussi les hommes et les femmes », souligne Sylviane Giampino. Le web bouscule les conventions.

La féminité et l’amour en prime

En dix ans, la donne a réellement changé. « Les femmes qui prennent le pouvoir n’ont plus à se débattre avec la question de l’identité féminine », se félicite la psychanalyste. Merci à celles qui sont arrivées au sommet de la hiérarchie professionnelle ou politique en robe et avec des couleurs. Plus besoin désormais de se justifier de ne pas être un homme.

Les femmes puissantes ne font plus peur ? Alleluiah ! Les garçons de la web génération en ont peut-être enfin fini avec le spectre de la femme « phallique » et castratrice qui faisait resurgir des terreurs infantiles chez leurs aînés. « L’angoisse du petit garçon devant la toute puissance de la mère qui aurait pu le dominer et le réengloutir dans sa matrice semble s’estomper un peu », commente Sylviane Giampino. On peut désormais être une big boss sans annihiler la libido de ces messieurs.

Du coup, ces jeunes pionnières pourraient peut-être même atteindre le Graal, et cumuler réussite professionnelle et perso. Ne nous laissons pas pour autant laisser emporter par trop d’enthousiasme, met en garde la psy : « Les nouvelles technologies et le web ne résolvent pas le problème des renoncements et ajustements entre la vie professionnelle et la vie privée des femmes ». OK, c’est encore difficile. Mais pas impossible. Certaines y arrivent. Isabelle a été très soutenue par son mari quand elle allait à la fac le soir après sa journée de travail. Son fils est né à la fin de ses études et son mari a toujours parfaitement assuré. Rosine Bramly est très heureuse aux States avec son compagnon. Et Morgane Sézalory ne semble pas si malheureuse au bras de Thibault, son mari, avec leur petite Nina. Les guerrières de la net economy ne sont pas des laissées pour compte de l’amour.

Sofia Amuroso, la star

Cette fille va devenir l’idole de toutes les mères de cancres ! Née en 1984 à San Diego, elle quitte sa famille et l’école qu’elle déteste à 17 ans. S’ensuit une success story qui, à l’heure du web et de la mondialisation, ne peut que nous séduire. Elle prouve que tout est possible. Avec de la passion et de la créativité, en trouvant un concept original et, évidemment, en travaillant d’arrache-pied - car il n’y a pas de miracle -, il est possible de se hisser au pinacle. Même sans diplôme et sans famille riche. Le mythe américain pour nos filles. Sauvée par son amour des fringues, la patronne de NastyGal.com est devenue une référence dans le monde de la fast fashion, une mode top tendance et à la portée de toutes les bourses. Dans un livre publié aux éditions Globe, #Girlboss, elle distille ses conseils. Un must pour les self-made women de la e-génération.

Source : http://www.femmeactuelle.fr/bien-etre/bien-dans-ma-tete/la-revanche-des-self-made-women-24670

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